Drag-flamme (Patreon)
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« La désignation d’une drag queen adipeuse pour allumer la flamme des JO de Paris révèle une certaine logique. Le sport n’est plus rien d’autre désormais qu’un messager du Pouvoir.
L’itinéraire de la flamme a emprunté des voies parfois surprenantes. On l’a portée au sommet de l’Everest ou dans la navette Columbia, elle a même voyagé sous l’eau, couvée par des plongeurs. L’allumeur, celui qui met le feu à la vasque monumentale, a le plus souvent été un sportif d’exception comme Mohamed Ali ou Michel Platini, ou alors un jeune espoir du sport. Le trait commun de tous ces allumeurs est leur valeur exemplaire, incarnant le surpassement de soi, l’effort titanesque de l’humain pour repousser les limites physiques de sa condition.
On en conclut que l’exploit des Titans de 2024 consiste à exhiber leur “différence” sur des talons surcompensés. C’est grotesque, certes, mais malheur à celui qui en rira publiquement. Le surpassement de soi des Français médusés consistera à comprimer leur ahurissement dans leur for intérieur sans le laisser exploser. Lâcher la bride à leurs sentiments en public pourrait leur coûter très cher.
L’allumage de la vasque olympique de Paris — qui n’en est pas une, soit dit en passant, mais une sorte de cercle de feu, comme au cirque ou dans les cérémonies occultes — n’est donc pas, malgré les apparences, un sketch posthume de Coluche, mais un exercice de dressage collectif. Les foules doivent incliner leur tête devant les nouvelles idoles. Plus ces idoles sont loufoques, et plus la soumission des foules sera humiliante. »
Slobodan Despot, dans L'Antipresse de la semaine dernière